De l’anomalie à la découverte : l’inattendu dans la recherche scientifique
Quentin Chapuis, doctorant au CRMN nous livre son expérience de la découverte scientifique au cours de sa thèse.
Cela faisait six mois que j’avais commencé ma thèse dans le domaine de la résonance magnétique nucléaire (RMN). Mon superviseur était au laboratoire pour aider mes collègues et moi sur un projet obscur, auquel je ne comprenais pas grand-chose. Il tapotait à toute vitesse sur le clavier, quand soudain il s’écria : « Waouh… ça, c’est super intéressant ! » puis nous expliqua l’anomalie qu’il venait de constater, qui s’écartait complètement de notre direction de départ. Puis d’ajouter « Mais n’essayez pas de vous attaquer à ce sujet, vous allez perdre votre temps sur un affreux problème théorique auquel personne ne comprend rien… ».
Il n’en fallait pas plus pour piquer ma curiosité. J’avais déjà entendu parler du problème en question, sans pourtant en connaître les détails. Il m’intriguait et je pressentais que, grâce à l’observation que nous venions de faire, on pourrait approcher ce problème par une expérience très simple. Quelques semaines plus tard, j’ai profité d’un peu de temps libre pour la tester et bingo ! J’ai obtenu exactement le comportement que j’attendais. J’avais par-là mis en place une méthode pour observer un phénomène qui était jusque-là étudié presque exclusivement pas la théorie. Deux ans plus tard, cette méthode est publiée dans une revue scientifique prestigieuse et constitue l’un des plus importants sujets de ma thèse. L’anomalie a permis la découverte.